L’IA et les créateurs « en même temps »

Professionnellement, il n’y a qu’une seule chose qui m’inquiète réellement : la perte possible de cette conception à la française du droit d’auteur. Celle qui est énoncée dans le CPI, qui « agace » les tenants du « libre de droit » à l’américaine (et perturbe quelques gestionnaires chez mes clients : elle est un peu pénible cette fille qui nous demande à savoir ce qu’on fait de ses images pour nous facturer proportionnellement !).
Pourtant, le droit d’auteur à la française, c’est le meilleur moyen de s’assurer le meilleur du travail d’un créateur : si sa création n’est pas bonne, elle sera peu utilisée, donc lui, peu rémunéré. Autant vous dire qu’individuellement ça incite à être bon. Et collectivement, c’est ce cadre-là qui a permis d’offrir à notre pays toute la richesse créative dont il dispose aujourd’hui!

Alors oui, quand l’Europe envisage un #AIAct, je me tiens au courant. Et quand un projet de texte est dévoilé, qui respecte et ménage à la fois les start-ups innovantes qui développent l’IA et les créateurs dont le travail sert à entraîner les IA, je suis pas mécontente… #CétaitPasGagné

Et puis j’apprends que d’aucuns, en France -pays de naissance du droit d’auteur, faut-il préciser- auraient compris de ceci que pour favoriser l’innovation il faudrait « en même temps » sacrifier la création. Une histoire de compétitivité, de licornes, d’ancien ministre…
A titre individuel, je pourrais complètement m’en fiche: ce qui caractérise mes photos, c’est qu’elles montrent l’image authentique de gens réels et engagés. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais de mon point de vue, il me semble compliqué d’être remplacée par une IA pour cela.

Mais à titre collectif, peut-être devrions-nous, à l’échelle de la société, nous inquiéter qu’à l’heure des deepfake, de la génération de contenu débridée par IA, de leur reprise en toute quiétude en Une d’un quotidien français qui pris en flag’ s’est contenté de dire « c’est pas nous/grave »… Peut-être devrions-nous veiller à ce qu’un arbitrage honnête et mesuré entre innovation et création soit trouvé et inscrit dans la loi.
Le cas échéant, il est probable que dans un avenir pas si lointain, nous n’aurons plus le choix et ne pourrions plus ni voir ni consommer autre chose que de l’image générée par AI…
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