On ne va pas se mentir, dans ma spécialité, une partie de mes collègues ne sont pas des gens que j’aurai spécialement envie de recommander. Cela a peu à voir avec leur talent de photographe, et beaucoup avec leur conception de la confraternité. C’est triste, mais c’est ainsi. Heureusement, il y a quand même quelques professionnels normaux et bien dans leurs pompes. C’est comme les poissons volants, mais ils existent et ça fait du bien !
Aussi quand on me propose d’assister et de documenter une manip’ unique en son genre je suis hyper excitée à l’idée de pouvoir couvrir ce moment exceptionnel. Sauf qu’en regardant ma programmation, ça ne colle pas, je regarde ce qui pourrait être décalé mais rien n’y fait. Je rappelle donc mon interlocuteur et lui annonce que je ne pourrai pas être disponible. Mais que je peux lui recommander un de mes collègues, discret, pro, ops’… dont je suis prête à répondre en tout point (…il n’y en a pas beaucoup). Gêné, mon interlocuteur insiste un peu mais il sait que j’ai vraiment cherché à réaliser cette immersion, et que je suis aussi deg’ que lui de ne pas pouvoir en être. Il y a peut être une autre date, il en parle à son chef, il me tient au courant.
Quelques heures plus tard, en début de soirée, mon téléphone sonne, ça n’est pas la même voix au bout du fil : « C’est vous et personne d’autre ». Le genre de voix qui n’est pas spécialement habituée à s’entendre répondre « non ». Je suis touchée par cette forme d’honneur qui m’est faite, mais consciente aussi qu’en escaladant de la sorte la demande, on me met une forme de pression, amicale et respectueuse, certes, mais bien présente.
Alors, pour une fois, je fais la démarche de dire, non pas « moi, photographe » mais « nous, photographes ». D’expliquer que si il y a certes, des tombereaux de planches pourries dans la profession, qui vendraient père et mère pour arracher « la » photo qu’ils imaginent pouvoir les rendre célèbres ou riches, qui renieraient leur parole ou leurs amis pour une exclu, une publi, un moment de fame sous les spotlights… Il y a aussi, des petits gars et meufs, discrets et pro, plein, qui font -bien- leur travail et restent « sous les radars » précisément parce que notre métier c’est de documenter et de raconter les autres, de mettre les autres en lumière et pas d’y être nous-même.
Après m’avoir écoutée, ce commanditaire me répond que le sentiment de confiance, ça ne se commande pas, ça s’éprouve et ça se prouve, mais qu’il va y réfléchir… #ToBeContinued
PS : Oui, quand il s’agit de trucs exceptionnels, ou complètement barrés, je ne sais pas refuser un projet photo, et ceux qui travaillent avec moi savent bien jouer sur cette corde sensible. Mais quand j’ai déjà donné ma parole à quelqu’un, je ne reviens pas dessus, aussi.
#DealWithIt #AinsiSoitIl
[ + VOIR LE POST ]