De quel bois sommes-nous faits ?

C’est drôle comme les faits peuvent s’enchaîner parfois.
J’ai monté une terrasse bois à partir de rien cet été, pour passer le temps (et améliorer substantiellement la vue depuis mon bureau). Nombreux sont les proches qui m’ont annoncé après qu’ils ne m’auraient « jamais imaginée » capable de ça. Quelques-uns ont préféré mettre l’accent plutôt sur ma capacité à « penser, réaliser sans se poser trop de questions, apprendre en réalisant, et obtenir un résultat »
Sur un ton pas si humoristique, un ami charpentier m’a quand même proposé de le rejoindre sur un chantier, moi l’intello née dans une famille d’ingés tellement occupés à penser qu’ils ne font jamais rien ! Dont acte : j’ai pris un réel plaisir à travailler le bois.
Et puis je reçois ce message d’Océane, qui fut un temps ma stagiaire, puis mon assistante, avant de tracer sa propre route. Un message m’annonçant la sortie à venir du livre photo retraçant son périple en terres nordiques en même temps que son passage dans un autre âge.

J’étais tellement fière de voir l’oisillon prendre son envol et devenir oiseau ! Elle coiffe au passage nombre de collègues se revendiquant photographes de reportage sans jamais s’être seulement posé la question de ce qu’ils racontaient, à qui, comment, pourquoi…

C’est cette notion de bois qui m’est revenue.
Quand Océane a quitté la région parisienne : c’était pour retourner en Bretagne, là où elle a ses racines. Quand elle est partie à l’aventure dans le grand nord, seule avec son sac à dos, c’est parce qu’elle est faite de ce bois-là : solide, qui n’a peut-être pas ni les couleurs ni les veines les plus chatoyantes, mais qui, à l’image des « bois rouges » de la selva, sont d’une dureté quasi-indestructible, très longs à enflammer, mais tellement durables aussi.
Plus près de nous, je pense aux arolles, ces pins des montagnes qui mettent une éternité à grandir mais que rien n’arrête jamais, ni le vent, ni la pauvreté du milieu, les rochers qui se décrochent, l’alternance de glace et de sécheresses.
Dans le cas d’Océane, ça n’est certes pas une essence très bretonne, mais cela lui va bien je trouve. Et cela pose la question : de quel bois sommes-nous faits ?

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