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Derrière les images

Photographe: comment ranger ses photos ? 1/4

Photographe: comment ranger ses photos ? 1/4

A l’heure de la photo numérique : comment ranger ses petites affaires ?

( … et y retrouver ses petits ! )

En préambule, comme déjà annoncé sur certains posts, ceci n’est que « ma » méthode, elle me donne entière satisfaction, mais surtout elle tient compte de mes contraintes et des points que JE juge indispensables, je vous invite donc à réfléchir si elle est pertinente dans votre cas avant de la prendre pour exemple, ou pas ! Et comme d’habitude, je ne suis pas sponsorisée par un quelconque éditeur de logiciel ou fabricant de matériel et en aucun cas je n’assure le SAV !

Alors, j’écris cet article en 2021, j’ai 15 ans de photos derrière moi et un peu plus de 10 ans de production professionnelle, addition faite récemment, cela n’emmène dans les 300 000 photos dans mes dossiers. A une vache près. A ce niveau là, on ne compte plus en fait. 

Comme je l’ai expliqué à de nombreux photographes qui se lançaient: en début de carrière, toute la richesse d’un photographe est contenue dans son sac photo, le gros de sa « valeur » financière, c’est le prix -en occasion- de son matériel photo. Au fil du temps, un glissement se produit, et en fin de carrière, la plus grande partie de sa richesse réside dans ses archives, ce qui constitue son « fond photo » d’images susceptibles d’être vendues.

En fin de carrière, la plus grande richesse d’un photographe tient dans ses archives photo.

D’où l’intérêt de penser dès le début à la fin: pouvoir retrouver une image donnée parmi un grand nombre et être toujours capable d’accéder aux fichiers originaux.

A l’époque où je le croisais à l’UPP, Michel Rager, le référent « fonds photo » de l’association, m’expliquait qu’en justice, quand il s’agissait d’estimer la valeur d’un fond photo, la formule était simple: 50% de celui-ci venait de la qualité, de la célébrité et du nombre de photos qu’il contenait et 50% venait de son indexation. Tout simplement. Aussi excellentes que soient vos images, si nul autre que vous ne peut y trouver, rapidement, une image sur un sujet donné, alors votre fond voit sa valeur divisée par 2. Qui voudrait d’une très belle voiture sans en avoir les clefs ?

Concernant les fichiers, on a vu des photographes ruinés par l’incendie de leur atelier où étaient conservés leurs négatifs, et le tout numérique, plutôt que nous préserver de ce type de risque, en a rajouté de nouveaux. Un disque dur peut tomber en panne, être vérolé, et il faut rajouter au risque incendie, qui n’a pas disparu, celui de l’obsolescence des fichiers: qui vous garantit que dans 10 ou 20 ans vous serez toujours en mesure d’ouvrir vos formats de fichiers (pré)historiques ?

Étape 1 : Les noms de fichiers

Il m’a donc semblé pertinent de mettre en place très tôt une nomenclature pour mes images, de telle façon qu’à une référence et une seule ne corresponde qu’une et une seule photo. C’est con mais un fichier « DSC_9999 », je vous laisse faire le calcul, à 300K images dans mes tablettes, à priori, je devrai en avoir 30 exemplaires, comment différencier qui est qui?

Le formalisme que j’applique me produit des noms de fichiers de 12 caractères en 3 groupes séparés par des tirets (de type 1221-01-0004) l’idée générale étant de mettre ce qui varie « peu » dans un reportage le plus à gauche possible, et ce qui varie énormément à droite.

1221-01-0004

– Les 2 premiers chiffres me permettent de savoir dans quelle thématique se rangent mes images (« 1 » pour « forces de l’ordre » et « 2 » pour sa subdivision « police du quotidien, voie publique, gendarmerie départementale »)
 Les 2 chiffres suivants sont ceux de l’année (« 21 » pour 2021)

Grace à ces 4 premiers chiffres, quand j’exporte des fichiers jpg, pour mes books photo ou mes réseaux sociaux, ils se rangent automatiquement par catégorie: les photos de police d’un coté, les photos mili (ou aéro ou secours) d’un autre; ensuite au sein de la catégorie police les photos de maintien de l’ordre sont ensemble, et elles sont rassemblées par années. Tout ça pour plus de praticité quand je suis sur un bête explorateur de fichier et que je ne veux pas ouvrir les images en grand ni consulter précisément leurs métadonnées.

1221-01-0004

– le tiret ensuite me permet de présenter sur 2 chiffres le numéro d’ordre du reportage au sein d’une année donnée (« 01 » pour le premier reportage de l’année donnée, ici 2021)

Toutes les photos d’un même reportage ont donc les même 6 premiers chiffres, ce qui leur permet d’être ensemble lors d’un export. Bien sûr si je traite de plusieurs thématiques au sein d’un reportage (par exemple la police du quotidien mais aussi le RAID et les pompiers lors de la présentation du Schéma national d’Intervention ) je choisis un seul duo de chiffre qui s’applique à tout le reportage parce que le plus important pour moi est que les images d’un même reportage s’affichent ensemble dans un dossier.

1221-01-0004

– le dernier tiret enfin me permet de connaître sur 4 chiffres la numérotation chronologique du cliché au sein du reportage (« 0004 » pour le 4ème donc)

Tout ceci me limite donc à 9999 photos par sujet de reportage, peu importe si je shoote à un ou 2 boitiers. 9999 c’est plus que suffisant dans 99,9% des cas (hormis pour mon sujet Covid19 où j’étais trop fatiguée pour être capable de réfléchir, et ou je suis arrivée après une dizaine de jours garde à atteindre les 10K photos, j’ai donc commencé un deuxième numéro de reportage… mais comme à cette période je ne faisais « que » ça, les numéros se suivent immédiatement, ouf !)   

Je suis donc en présence de fichiers correctement numérotés de façon chronologique et thématique et dans mon système , chaque référence est unique, et c’est bien, mais ça n’est pas encore suffisant pour assurer leur stockage et leur sauvegarde…

Comme cet article est déjà un peu long, rendez-vous samedi prochain pour un nouvel article sur le rangement informatique de vos photographies ! #ToBeContinued

Sourire lors d’un moment de détente pour la garde au drapeau du 2ème REI

Sourire lors d’un moment de détente pour la garde au drapeau du 2ème REI

Vous avez été plutôt nombreux à le réclamer quand je vous ai demandé ce que vous vouliez lire (sur mes réseaux sociaux, et par extension, sur ce blog) « les réglages » les fameux réglages, que j’ai un peu perdu l’habitude de mettre en ligne (par flemme, les afficher me demande de faire une petite manip’ -pas très compliquée- pour les partager sur le blog, en revanche sur les réseaux sociaux, je dois les rentrer à la main et c’est un peu relou). Mea culpa

Je relance donc cette catégorie de posts « derrière les images », pour partager avec vous mes « trucs » qui font les belles images. Je parle de « trucs » et pas seulement de réglages, parce que le réglage ne fait pas tout, et souvent ce qui fait la photo c’est à 80% autre chose et à 20% la technique. J’en parlais avec un confrère récemment, qui me disait que quand on ne me connaissait pas et qu’on tombait sur une de mes photos on pouvait se dire « sympa la photo, elle a eu la chance de tomber sur un hélico en montagne, clic-clac c’est dans la boîte! » mais qu’il se doutait bien qu’il y avait « un peu plus » que seulement ça. La photo ci-dessous, réalisée à l’occasion des répétitions du défilé du 14 juillet 2018 en est un exemple parmi tant d’autres.

Sourire lors d’un moment de détente pour la garde au drapeau du 2ème REI [Ref: 4518-08-0987]

EXIF | Credit: Sandra Chenu Godefroy | Appareil: Canon EOS 5D Mark III | Date: 12/07/2018 | Focale: 330mm | ISO: 400 | Ouverture: ƒ/6.3 | Vitesse: 1/1250s |

Chaque jour de la semaine précédant le défilé du 14 juillet, les unités défilant à pied répètent à Versailles, le matin ou l’après-midi (la Légion étrangère, c’est le matin). Et à chaque demi-journée ils font deux passages (où ils se font copieusement remonter les bretelles par l’autorité en charge des répétitions à grand coup de petites phrases assassines lancées au micro). Entre chaque passage, les cadres sont convoqués pour faire un point avec les services du GMP sur ce qui va ou pas… L’occasion pour les autres défilants de se détendre et de faire une pause. Et c’est assurément à ce moment-là qu’il y a les meilleures photos à faire ! Ce n’est pas une question de technique, simplement d’humains, après la tension du premier passage, tout le monde se relâche, de belles scènes de complicité peuvent se produire, et parfois même, des sourires satisfaits/bienveillants. Pour en faire des images, il ne faut surtout pas casser cette fragile alchimie (certains se méfient toujours terriblement de ce qui de près ou de loin pourrait porter une étiquette « journaliste ») et deux possibilités s’offrent donc à moi: ou bien travailler « tout près » au 50mm avec des personnes qui me connaissent bien, donc ne me calculent même plus… ou bien faire le paparazzi de base au téléobjectif 100-400mm ! Et toujours, en restant vigilant pour saisir ces moments aussi fugaces qu’imprévisibles !

Découvrez les autres posts « derrière les images » sur le blog !

Photographier la mort

Photographier la mort

Comment faire un reportage sur la Covid sans montrer la mort ?

Certains des lecteurs de mon livre Covid19 ce que veut dire être soignant m’ont fait remarquer que celui-ci contenait des images très dures. Après avoir échangé avec eux, il s’agissait toujours des mêmes images. De celles figurant la mort.

Mais comment faire un reportage sur la Covid sans évoquer la mort ? Les gens meurent de ce virus, et je ne pouvais pas faire l’impasse sur ce triste fait. Photographier la mort, donc. Dans notre culture, elle est sacrée, et un peu tabou aussi, il faut bien l’admettre. Les sociétés occidentales ne montrent pas l’image de leurs morts, on préfère celle des personnes saines et jeunes, bien vivantes en tout cas.

En tant que femme occidentale, assister à la toilette mortuaire ou descendre dans le dépositoire de l’hôpital (la vraie appellation de ce qui est appelé morgue dans les films) n’a pas été chose facile. Et ça n’était pas tant une question d’autorisation, de l’hôpital Bégin ou de ses personnels, que de cheminement interne.

La question que je me suis posée alors (qui est toujours la même qu’à chaque choix potentiellement compliqué en reportage) était « et si ça n’était pas un anonyme allongé là, mais un de mes proches, qu’est-ce que j’accepterai qu’un photographe fasse avec son image ? » une fois le point fait, je suis aller photographier la mort, en sachant ce que je voulais montrer et quelles lignes je ne voulais pas franchir.

[Ref:2020-01-1863] En réanimation, tandis que leur patient vient de rendre son dernier souffle, les soignants, affectés par le décès de celui dont ils n’ont cessé de vouloir la rémission, réalisent leurs derniers gestes pour cet homme.

Je sais que photographier la toilette mortuaire en réanimation a posé question et fait parler dans les équipes soignantes, parce que leur mission est de protéger leur patient et son image, peu importe qu’il soit mort ou vivant, et qu’une fois mort, il est d’autant plus vulnérable qu’ils sont les seuls à pouvoir encore le « défendre ».

Il a donc fallu les convaincre que l’idée n’était pas d’être « voyeur » ou de déshonorer l’image du mort mais bien de montrer leur travail à eux, d’accompagnement de leur patient, jusqu’au bout, quand bien même ils étaient émotionnellement chamboulés par ce qu’ils vivaient.

Je sais que ça n’était pas simple pour eux, et je voulais profiter de ces lignes pour remercier ces quelques soignants qui m’ont acceptée à leurs cotés dans ces moments compliqués pour eux. J’ai fait mon possible pour témoigner de leur action et ne pas trahir la confiance qu’ils m’ont offert.

[Ref:2020-01-6652] Au dépositoire, l’agent d’amphithéâtre sort le corps d’un patient décédé la semaine précédente pour le mettre dans le cercueil que les agents de pompes funèbres lui ont apporté.

Descendre au dépositoire ensuite, découvrir les frigos, le tableau récapitulatif de leur occupation, cet éclairage néon blafard, l’odeur prégnante de produits désinfectants… C’était une première pour moi, et j’ai eu la chance d’y rencontrer l’agent d’amphithéâtre en charge du lieu -qui avait accepté au préalable ma présence- un homme vraiment sympa et bienveillant, qui m’a expliqué ce qu’il faisait à chaque étape, et pourquoi il le faisait. Il avait clairement une passion pour son travail et mettait un point d’honneur à bien le faire.

Et avec l’afflux massif de personnes décédées de la Covid, assurément, son rythme de travail était particulièrement intense (et lui n’a pas eu de « renforts », sinon le coup de main ponctuel de militaires pour remonter du sous-sol les cercueils qu’il préparait).

[Ref:2020-01-6852] Sur le parking du dépositoire, ces militaires qui n’avaient jamais manipulé de cercueils auparavant, transportent et rangent les cercueils dans un contener frigorifique installé pour faire face au pic de personnes décédées.

Alors oui, j’ai fait ces photos, de la façon la plus respectueuse possible à la fois des personnes décédées et des vivants qui s’en occupaient. Et oui, ensuite, j’y ai réfléchi encore et j’ai choisi de montrer ces images, parce que cela faisait du sens, parce que les morts de la Covid19 sont bien réels et qu’il a fallu des gens pour s’en occuper.


Et ces photos en ont dérangé plus d’un. Ce qui ne me dérange pas, je ne vais pas m’en cacher. La mort a été le quotidien de crise bien réel de personnes bien vivantes: les agents d’amphithéâtre, les brancardiers, personnels des pompes-funèbres, officiers de permanence et même les militaires secrétaires médicaux venus aider à déplacer les cercueils au plus fort de la crise !

Ces images, c’est un moyen de ne pas oublier ces gens-là, et pour cette raison, je ne voulais pas en détourner mon objectif.

PS: Il y a bien plus que des images de mort dans mon livre, il y a surtout le quotidien et les témoignages de soignants bien vivants, et si cela vous intéresse, il est disponible ici : Covid19 ce que veut dire être soignant

Photographier en couleur ou Noir & Blanc ?

Photographier en couleur ou Noir & Blanc ?

Pourquoi avoir fait Sentinelles en noir et blanc et Covid19 en couleur ?

C’est une question qui revient souvent, et sa réponse se fait en plein de morceaux et autant de « temps photographiques »… Voici donc quelques raisons.

Pourquoi Sentinelles en noir et blanc ?

1 – Parce que j’aime profondément le noir et blanc
J’aime la façon dont on écrit des photos non plus avec des couleurs mais avec la seule lumière ou l’absence de celle-ci. Et qu’en 2016, quand je me lance dans ce projet personnel je suis une photographe professionnelle un peu frustrée que 100% de ses clients lui imposent de travailler en couleur (Ben oui, c’est con mais c’est comme ça, les entreprises pensent que la couleur « vend »). #CCMCCC

2 – Parce que le parisien ne regarde pas ce qui se passe devant ses yeux
Certes, j’écris « le parisien » mais vous pouvez lire « le public » en général, qui ne vaut pas mieux à ce sujet et ne prend plus le temps de regarder. Dans notre quotidien fait de sollicitations visuelles, et notamment numériques, on a collectivement perdu l’habitude de regarder ce que l’on a devant nos yeux (et qui peut être beau, moche, drôle, plein d’informations, triste, révoltant…). En revanche, « le public », toujours le même, se presse pour regarder une expo photo parce que c’est de l’art/de l’information/un moyen de s’évader/etc. #RayezLaMentionInutile
Donc en choisissant le noir & blanc, surtout dans ce domaine visuel qu’est l’iconographie parisienne, documentée par plein de photographes humanistes dont on a forcément en tête certaines images: Brassaï, Cartier-Bresson, Doisneau, etc. je tenais un moyen simple de rendre curieux ce même public, de l’attirer pour le faire « regarder » des images et non plus seulement « voir » son quotidien. Même si dans les faits, j’allais lui montrer précisément ce qui se jouait sous ses yeux au quotidien et auquel il ne prêtait pas plus attention que ça. #Malin

3 – Parce que ça met tout le monde à égalité
Et enfin, parce que le noir et blanc était un moyen de mettre à égalité d’une part les militaires, tous dans le même uniforme, sans couleur particulière; et d’autre part les parisiens sur lesquels ils veillent, qui eux portent des tenues très différentes et parfois de couleurs vives. Un moyen de revenir à leur dénominateur commun, l’humain. Avec le noir et blanc il n’était pas forcément facile de voir du premier coup d’œil qui était qui sur mes images, ce qui invitait plus facilement à trouver des points communs entre un visage de très jeune militaire en armes, et celui d’un étudiant sortant du lycée qu’il protégeait, par exemple. #Humain

vendredi 19 août 2016, 22h07, Paris VII. Militaire posté à l’entrée de l’Hôtel des Invalides pour assurer la sécurité des spectateurs se rendant à un spectacle nocturne.

Pourquoi Covid19 en couleur ?

1 – Parce que la couleur, c’est chouette aussi !
Ben oui, donc en 2020, avec la réalisation d’un chouette projet en N&B derrière moi, je n’ai plus de frustration particulière de ne pas spécialement bosser en noir et blanc au quotidien puisque dans ma musette j’ai mon livre Sentinelles et que je peux feuilleter les nuances de noir des très beaux tirages barytés qu’en avait fait l’Atelier Ooblik. Au quotidien, je continue a travailler la couleur, à construire des univers colorés, et je prends même un certain plaisir à aller chercher des nuances subtiles (un visage éclairé par un soleil couchant avec sa dose de jaune orangé, tandis que l’arrière plan est déjà à l’ombre avec sa dominante bleue… 😍)

2 – Parce que Bégin !!
Ceux qui y sont allés le savent bien: pour éviter d’avoir « des murs blancs d’hôpital » quand l’HIA de Saint-Mandé a été rénové/reconstruit, ils ont placé des murs de couleurs pastel PARTOUT. Du rose et du bleu layette, du vert clair, du parme et notamment cet espèce de jaune fluo atténué du hall d’accueil de l’hôpital qui a titillé la rétine de 100% des personnes qui y sont passées (j’ai failli refuser d’y exposer Sentinelles juste pour ce motif: rien ne va sur un fond jaune!). Rien que des couleurs que je n’aime pas en réalité ! Tout cet univers pastel, ça n’est pas le mien : mais il définit, mieux encore que « les murs blancs d’hôpital », les murs d’un univers médical, protégé et aseptisé. Alors pour partager au plus juste l’ambiance de ce lieu, il me semblait indispensable de le montrer sous ses vraies couleurs !

3 – Parce qu’un récit simple et humble se doit de l’être aussi dans sa chromie
Enfin parce que le livre n’allait pas être imprimé sur papier glacé (« brillant ») mais sur un papier non couché (celui des romans) qui allait rendre les couleurs pas trop claquantes ni contrastées et donc être « juste » dans une narration humble du quotidien, sans effet de style particulier.    

Le visage marqué, une étudiante-infirmière venue renforcer le service de réanimation de l’hôpital pour une rémunération symbolique respire l’air extérieur sur la terrasse après le 3ème décès au sein du service où elle a réalisé ses 12 heures de garde de nuit.

Et le prochain ?

Et bien ça dépendra de son sujet -qui n’est à cette heure pas défini- je déteste les couleurs pastels et pourtant j’ai fait tout un livre dans les tons pastels parce que ça faisait du sens (vous pouvez le découvrir ici), je suis photographe de reportage et donc du réel, de cette réalité en couleur, donc, et pourtant j’ai raconté les sentinelles en noir et blanc (que vous pouvez commander là).

Donc je ne m’interdis rien et je m’autoriserai ce qui fera du sens avec mon sujet et ma sensibilité du moment. On a tendance à l’oublier, mais les photographes évoluent aussi ! Ce qui peut se traduire par une évolution des thématiques abordées, ou de la façon dont ils traitent la chromie de leurs sujets par exemple. Et puis je crois qu’il est important en photographie de lier le fond et la forme, et donc de penser le traitement de la chromie de façon a ce qu’il soit partie intégrante du message et de l’histoire transmise. 

Je ne vous présenterai jamais une photo en noir et blanc « parce que c’est joli », mais « parce que ça fait du sens pour le message que je souhaite qu’elle porte » et il parait que c’est une des raisons qui font de moi un « auteur-photographe » et pas juste un « technicien qui appuie sur un bouton ». 😉

Quelques notes de piano à l’hôpital

Quelques notes de piano à l’hôpital

Nous sommes un vendredi en début d’après-midi et je suis dans l’atrium de l’hôpital Bégin pour décrocher mon exposition Covid19 ce que veut dire être soignant. Un technicien de labo s’approche et me demande si « ça vous dérange si je me mets à jouer? ». Juste derrière la table où je procède à l’emballage de mes cadres sous papier bulle, il y a un piano !

J’avais déjà eu l’occasion d’entendre ce piano jouer, pas pendant la première vague Covid-19, où tout l’hôpital était désert et silencieux, mais plus tard, quand j’étais venue cet été interviewer des soignants pour le livre. Seulement voilà, à chaque fois que c’est arrivé: j’avais les mains vides ! #LeComblePourUnPhotographe Heureusement ça n’était pas le cas ce vendredi 26 février. Et il faut que je vous le dise, faire le décrochage de ses cadres en musique : c’est vraiment sympa !!

Je n’étais pas la seule à apprécier la chose, régulièrement, de l’étage supérieur, les patients qui attendaient leur consultation médicale où des visiteurs qui venaient se détendre à la cafet’ applaudissaient à la fin des morceaux. Je décide donc de monter d’un étage pour immortaliser aussi « le public ». Et je tombe sur cette petite dame qui a un peu de mal avec son nouveau téléphone et qui aimerait faire une vidéo « parce qu’avant je jouais moi aussi, mais maintenant avec mes mains je peux plus ». Difficile de refuser pareille demande, je l’aide à enregistrer et à se stabiliser sur la rambarde. Et puis je me dis que la photo que je cherchais en montant la haut, c’est celle-là:

Celle d’une petite dame un peu âgée qui veut à tout prix capter ce chouette moment !

EXIF | Credit: Sandra Chenu Godefroy | Appareil: Canon EOS 5D Mark III | Date: 26/02/2021 | Focale: 40mm | ISO: 400 | Ouverture: ƒ/8 | Vitesse: 1/50s |