J’adore la lumière en contrejour… A ce titre, et bien que je déteste me lever tôt, j’aime faire des photos au crépuscule. Mais parfois, comme ici, la disposition des lieux recrée cette ambiance crépusculaire pour mon plus grand bonheur.
Dans ce fort poussiéreux et quasi-souterrain, très peu de lumière ne filtre et quelques explosions ont mis en suspension dans l’air les années de poussière accumulée. Alors quand la porte principale est ouverte par un instructeur, la lumière s’engouffre et souligne le profil de ces policiers du RAID, j’augmente ma vitesse d’exposition pour ne pas cramer les blancs, et c’est dans la boîte !
C’est la période qui veut ça: après un mois de mars toujours très calme, les mois d’avril, mai et juin sont toujours une course contre la montre (et ça dure… jusqu’au 14 juillet à midi!!). Voici donc 2 semaines que je suis allée couvrir la manifestation du 1er mai place de la Nation à Paris, j’avais déjà eu l’occasion de donner mon ressenti sur la manifestation sur Facebook, mais j’ai enfin pu prendre le temps de traiter les photos de cette journée.
Je n’ai rien à dire sur cette manifestation qui n’ai pas déjà été l’objet d’articles de presse et de débats passionnés, juste que : Oui la place s’est bien retrouvée noyée dans un nuage de lacrymo, ce qui donnait une vision assez surréaliste du Triomphe de la République, Oui les CRS ont bien été agressés et caillassés par des casseurs. Et, c’est tout, je suis photographe, là pour faire des images, pas pour faire une analyse sociopolitique !
Le Triomphe de la République dans les gazs lacrymogènes [Ref:1416-09-0196]
Le premier ennui pour un photographe à l’intérieur d’un VSAV, c’est l’espace franchement réduit. Ajouté à une petite blessée, sa mère, deux pompiers et une infirmière… il y a de quoi se marcher dessus. Ce qui vient corser encore l’exercice, c’est la photo d’une victime, mineure qui plus est.
Photographier une victime, c’est déjà pas facile: il ne faut pas tomber dans le cas juridique de l’atteinte à la dignité humaine. Très simplement, je me demande juste ce que je ferai si la victime était un membre de ma famille, et j’agis en conséquence… sachant que la photo en soi n’est pas interdite, c’est sa diffusion qui fera l’objet de contraintes.
Alors une mineure, c’est d’autant plus touchy. Mais le regard que les pompiers portent sur elle est très humain, il y a quelque chose, et le dispositif qui est en train de l’endormir masque son visage tandis que sa mère la caresse, alors je ferai quelques photos.
J’écris ce petit article de blog puisque -fin d’année scolaire oblige- je me mets à recevoir très régulièrement des sollicitations pour prendre des stagiaires. J’ai été moi aussi, dans la délicate position de l’étudiante obligée de se faire violence pour contacter des photographes qui -dans leur grande bonté- accepteraient de me laisser faire le café et de porter leur matériel, et je me suis payée un nombre non négligeable de râteaux dans cet exercice. Voici donc quelques conseils pour ceux qui voudraient obtenir un stage photo, et pourquoi pas à mes cotés.
D’une manière générale:
Renseignez-vous sur le travail que fait le photographe que vous contactez ! -ne rigolez pas, je reçois toujours des messages me proposant d’être assistant lumière en studio… la dernière fois que j’ai mis les pieds dans un studio: j’étais étudiante!-
Préparez un CV -à jour- ainsi qu’un petit portfolio numérique -une petite dizaine d’images rassemblées dans un PDF, à des taux de définition compression corrects, le but n’est pas d’exploser la boîte mail de celui qui le reçoit, merci !-
Et ensuite, contactez le photographe, le mieux c’est selon moi le face-à-face IRL, c’est encore le meilleur moyen de jauger et se faire jauger rapidement, ou alors par téléphone.
En ce qui concerne ceux qui voudraient faire un stage avec moi maintenant, voici mes critères de sélection -inutile de me faire remarquer que oui mais c’est injuste, je sais, mais c’est comme ça-:
Je ne prends pas de stagiaires mineurs -désolée, pour avoir essayé, c’est vraiment galère d’obtenir des autorisations pour emmener un mineur en reportage, et comme l’idée de faire un stage consiste précisément à partir en reportage…-
Je ne prends pas d’étudiants qui n’ont pas suivi de cursus « photographie » -peu importe lequel par contre, formation initiale, en ligne, reconversion, etc.-
Je ne prends pas les étudiants dont les périodes de stage sont fixées par leur école – « il faudrait me prendre en stage du 2 au 18 février » Ha oui, mais non, à cette période je peux avoir un client qui n’acceptera pas de stagiaire, et puis, c’est peut-être vieux jeu mais à partir du moment où je fais l’effort d’accueillir et de former un jeune, ce qui me fait perdre du temps et objectivement ne m’apporte rien si ce n’est la satisfaction d’aider dans son démarrage un futur professionnel, le minimum que puisse faire son centre de formation c’est de se plier à mes contraintes, pas l’inverse !-
Voilà pour les no-no, si vous ne remplissez aucun des critères précédents, et que vous voulez tenter votre chance, vous pouvez lire la suite:
Vous ne travaillerez PAS de 9 heures à 18 heures avec 2 heures de pause entre midi et deux, du lundi au vendredi. Peu m’importe ce qui est écrit sur votre convention, je travaille en temps normal 6 jours par semaine, parfois 7 si un reportage l’exige, et en moyenne une cinquantaine d’heures. Si vous êtes en stage une semaine avec moi, je ne vous ferai pas travailler autant que moi par contre préparez-vous mentalement à commencer à travailler parfois à 5 heures du matin et parfois à 14 heures, à terminer de travailler parfois à 16 heures et parfois à 2 heures du matin, à travailler indifféremment un mercredi ou un dimanche… Bienvenue dans la vraie vie de photographe de reportage !
Quand je ne suis pas en reportage, ni en train de traiter des photos, je réalise des tâches de bureau -pas très glamour: facturation, mails, web- et j’entretiens ma condition physique, ce qui est impératif vu ma spécialité photo. Préparez-vous donc à courir au moins 2 footings par semaine -à l’allure qui sera la votre, je m’adapterai-. Si vous ne vous en sentez pas capable: passez votre chemin. Déjà pour le stage, mais aussi pour le métier de photographe d’action, il ne s’envisage pas sans accepter un minimum d’effort et notamment physique.
Si vous n’êtes pas encore parti(e) en courant pleurer dans les jupes de votre mère/prof, c’est plutôt bon signe… Je crois que les stagiaires que j’ai eues jusqu’à présent ne me détestent pas malgré des journées parfois intenses vécues ensemble; alors tentez votre chance et contactez-moi : contact@sandrachenugodefroy.com ou 06 61 56 45 70 et qui sait, peut être à bientôt !
Nous tournions depuis une heure déjà avec les Sentinelles au pied de la tour Eiffel. Pour varier les plaisirs, je propose à ma stagiaire de faire des filés en vitesse lente pour mettre en valeur la différence de vitesse de déplacement entre les sentinelles, le public, et leur cadre parisien. Je suis au 40mm j’ai donc un cadre quasi-identique à ce que mes yeux voient. Les soldats ne marchent pas vite: je descends à 1/25s…
Toute la difficulté est alors d’arrêter de marcher pour déclencher, et d’accompagner le mouvement seulement en pivotant. Avec un peu de pratique, ça devient facile et l’arrière plan prend un flou filé qui met en valeur le déplacement.
Bienvenue sur le blog Reporter-photographe: derrière les images.
Ici vous trouverez des photos commentées et leurs réglages, mes derniers reportages et des anecdotes, mais aussi, des making-of, des astuces et des conseils !
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