Les bons sentiments… Ceux qui m’ont valu de me faire glisser un petit billet de 20E dans la poche par ma mère le jour où j’ai annoncé, pas fière pour deux sous, que j’avais « ma » première campagne de pub qui sortait dans la presse nationale, (et donc les substantiels émoluments correspondants, mais « c’est le geste qui compte », merci maman). Aucune situation n’arrive jamais vraiment par hasard… Et si vous êtes aussi nombreux à partager ces réflexions concernées sur la dureté du métier de photographe, elles ne peuvent qu’avoir une origine…
Alors je m’adresse aujourd’hui à toi, mon collègue photog’, peu importe ton statut: jeune, vieux / homme, femme / auto-micro-entrepreneur-auteur-artisan-artiste / amateur, semi-pro, pro-complet, pur pro de chez pro. Toi qui fais de la photo d’archi, de mariage, de culinaire, de reportage, de petits n’animaux…
Bref, toi le photographe.
Toi et moi lisons les mêmes papiers, écoutons les mêmes propos, assistons aux même colloques et autres groupes de réflexion. Et oui, nous avons tous les deux entendu Olivier Culmann dire « la photographie va très bien et les photographes très mal ». Oui. Et nous bataillons chaque jour pour ne pas nous faire bouffer par des clients peu scrupuleux, pour facturer des tarifs honnêtes, pour survivre à une concurrence pas toujours loyale, pour ne pas nous faire piquer (trop) de photos. Oui.
Ceci étant posé: penses tu vraiment que c’est en passant ton temps à geindre auprès de qui veut / peut / est obligé de t’entendre que « c’est trop dur, y a des gens qui sont trop méchants… » que tu t’attireras autre chose qu’aux mieux de la pitié, et au pire une solide réputation de pleureuse ?
Penses-tu vraiment que l’un ou l’autre de ces sentiments t’aidera à faire ton taf? Les pleureuses c’est chiant, mais la pitié peut-être ? Parce que ça t’est déjà arrivé de choisir le plombier qui allait poser ta baignoire parce qu’il te faisait pitié ? Une voiture parce que le vendeur avait vraiment l’air d’en avoir besoin ?
Tu es photographe. Ou bien tu es amateur et tu te fais plaisir en pratiquant cette discipline géniale qu’est la photo, en gagnant de quoi remplir ton frigo par un autre moyen (alors profites-en à fond tu as un loisir génial même si il est coûteux). Ou bien tu es professionnel et tu payes tes factures et remplis ton frigo en te faisant payer des photos. Et à aucun moment faire pleurer les gens ne remplira ton frigo.
Alors oui tu galères. Moi aussi. Et pour notre collègue au bout de la rue c’est pas simple non plus. Appelle-moi, appelle-le, on en parle entre nous. On vit des situations similaires, on a des expériences complémentaires, on réfléchira ensemble à ce qu’on pourrait faire pour être meilleurs.
On est photographes, la société actuelle ne jure que par les images: et si on arrêtait de lui pleurnicher sur l’épaule pour lui rappeler que « c’est nous les producteurs de ces images que tu aimes tant » ? L’avenir nous appartient !
Visuel à la Une:
Une photographe détendue, ça existe. Ca n’arrive pas tous les jours, c’est vrai. Photo: Gildas Lenen
Une pause entre photographes. Photo: Eric Thirion
PS: Ca tombe bien, si le problème c’est l’état d’esprit des photographes et pas la photographie: un état d’esprit, ça peut évoluer ! 😉
Je te dédie cet article à toi, le copain perdu de vue depuis longtemps qui vient aux news, ou toi la nouvelle connaissance que je viens juste de rencontrer, ou encore toi, ma gentille tata que je vois jamais. Oui toi qui trouves que mes photos sont « vraiment chouettes » que je fais « un travail formidable », et que c’est super. Franchement merci, ça fait toujours plaisir de s’entendre dire qu’on est bons, donc MERCI.
Bon, si tu pouvais éviter de pousser les bons sentiments jusqu’à la petite phrase d’après « …Non, mais sérieusement, tu fais quoi pour vivre ? », ou « mais heu, t’es vraiment photographe, t’es professionnel ? Tu fais que ça ? C’est pas trop duuuur ? » franchement ça m’aiderait.
Parce que des fois je me mords quand même violemment la lèvre pour pas te répondre « et sinon toi t’es plombier professionnel ? t’es prof pro ou amateur? Tu fais que ça, c’est pas trop dur ? T’es ingénieur professionnel tu arrives vraiment à gagner ta vie comme ça? ».
Alors oui, je sais, c’est plein de bons sentiments, et oui, cent fois oui vous avez tous raison: le monde de la photo n’est pas facile, le boulot ne nous tombe pas tout cru dans le bec… Oui c’est vrai.
Mais vous en connaissez beaucoup des boulots qui soient faciles? Et du taf qui nous arriverait miraculeusement par je ne sais quelle opération divine ? Moi pas. Assistant parlementaire peut être, et encore, il faut être bien né.
Donc j’ai un job qui n’est pas simple, mais pas nécessairement plus dur que celui d’autres. Et SURTOUT je le fais parce que j’ai la pêche, que j’aime mon job, que je vais de l’avant, que je suis bonne, que j’y crois ! Il y a déjà suffisamment de gens mal intentionnés qui ont pour but de me démoraliser (pour se remonter le moral, pour essayer d’obtenir un avantage commercial, juste pour rien…) que je n’ai pas besoin de votre gentille compassion: votre amitié et votre curiosité sont un bien meilleur carburant !
Visuel à la Une:
Mon diplôme du BTS. Oui il n’y en a pas besoin pour être photographe mais je l’ai quand même. Et non, je porte pas ces chaussures tous les jours. Photo: SCG
Un reportage du projet Sentinelles derrière les images. Photo: Camille Bachèlerie
Bien sûr, il s’agit d’une photo posée, d’ailleurs les flammes derrières moi ne sont plus très « pêchues ». Mais c’est aussi une photo souvenir, à la fin d’une session sympa de prises de vues dans les entrailles du Fort de Domont. Le souvenir de brûlages qui ont mis le matos et les organismes à rude épreuve, de l’équipe d’experts du Bureau Enquête Incendie, toujours partants pour mettre en scène « la » photo de flammes…
Et donc en fin de session, mon camarade Greg me propose de me prêter moi aussi au jeu de la « photo mytho », et je m’exécute, cachée derrière le caisson feu de mon appareil photo, on dirait presque un vrai pompier !!
Tout ça pour réaliser une photo de tir ERC 90 Sagaie FLOUE !
J’ai accompagné quelques jours le 2ème escadron du 4ème Régiment de Chasseurs en campagne de tir à Mailly-le-Camp. J’ai perdu de nombreuses heures et de nombreux tirs de Sagaie pour trouver LE réglage qui me permettrait d’avoir le panache de flammes qui accompagne le projectile en sortie du canon du blindé. J’ai aussi dû pas mal réfléchir au moyen le plus sûr de déclencher au bon moment: télécommande radio, pied photo, etc.
Et je suis arrivée à mon résultat, la photo parfaite, la flamme, le blindé rétro-éclairé, le paysage, la parfaite image de catalogue… Il ne s’était écoulé que 24 heures depuis mon arrivée. #TVB
Mais en fait, elle ne m’a pas semblé si « parlante » que ça. Parfaite, mais elle ne traduisait pas mon ressenti: elle ne racontait pas d’histoire. Pour ceux qui n’ont jamais fréquenté de blindés, sur le pas de tir les oreilles des hommes sont protégées par des casques anti-bruit très puissants, pas de danger donc. Mais le tir d’une Sagaie propulse une vibration dans l’air à coté et derrière lui qui traverse tout le corps et… whahou, ça « désoriente » un peu la première fois.
Un peu comme le jour où à la boxe anglaise, après vous avoir répété 10 fois de monter votre garde votre partenaire vous met une patate pleine tronche pour vous prouver que ça passe. On s’en remet, mais y a quand même un truc qui reste.
La vibration donc, cette énorme détonation sonore qui traverse tout et rebondit. Comment la raconter en image ? En tant que photographe je ne travaille qu’avec la lumière, pas avec le son… il va falloir biaiser. Je choisirai donc de rallonger encore mon temps de pause, pour avoir à la fois l’éclat lumineux en sortie de canon, mais aussi la propagation de la vibration… Je fais le choix à 1/8s de vouloir une image floue, superposant 2 images pour montrer la propagation de la vibration au travers de mon appareil photo.
Vous avez été pas mal à apprécier la vidéo 360° de Michael et Lasko s’entraînant à chercher des victimes d’avalanche, et ça tombe plutôt bien puisqu’ après avoir assisté à leur entraînement en bordure de DZ à Modane, j’ai retrouvé la fine équipe lors d’un exercice avalanche à Valloire.
Cet exercice d’ampleur visait à faire travailler ensemble plein d’acteurs différents dans le cadre d’une avalanche massive. En envisageant, bien sûr, le scénario catastrophe où l’hélicoptère ne pourrait pas intervenir. Les gendarmes du PGHM, mais aussi les pisteurs secouristes de la station voisine, les militaires du Groupement d’Aguerrissement Montagne à proximité et le personnel médical du SAMU se sont donc coordonnées pour trouver et sortir au plus vite, traiter au mieux et évacuer le plus rapidement possible les victimes enfouies par la coulée factice. Et j’ai eu le plaisir de voir chercher et travailler Lasko, le jeune chien d’avalanche fraîchement sorti du stage, avec Michaël, son maître !
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Michaël et Lasko, au début de leur recherche [Ref:2317-07-0269]
C’était à la fois passionnant et horriblement déprimant de voir la vitesse et la facilité de déplacement de Lasko dans la pente enneigée de la coulée d’avalanche: de mon coté, j’ai pas mal galéré.
Les raquettes c’est bien, mais quand c’est plat, ou au moins quand on est face à la pente et qu’elle n’est pas trop inclinée… et bien sûr c’était pas le cas ici ! Notre canidé préféré, lui par contre, il avait de l’énergie à revendre, harcelant son maître pour qu’il sorte au plus vite son équipement et qu’ils se mettent au travail sans attendre. Du coup je l’ai joué photographe un peu fainéante: n’étant déjà pas physiquement en mesure de suivre un vrai chien de travail sur du plat, je n’ai pas voulu relever le défi dans une pente, qui plus est enneigée, et j’ai travaillé au téléobjectif… Jusqu’à ce qu’un echo RECCO soit repéré pas très loin de ma position, que Lasko arrive dessus et sorte notre victime en tout juste une poignée de secondes… Et que Michaël mette un peu plus de temps pour le rejoindre ! 😉
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Prise en charge d’une victime d’avalanche repérée par Lasko [Ref:2317-07-0452]
J’ai donc rejoint le chien qui n’était pas peu fier d’avoir trouvé sa victime, et pu photographier un peu au grand angle pour des images plus immersives de la récompense du chien et du travail de premiers secours sur la victime. Une fois l’exercice fini, la photographe de retour au bureau et les images traitées et indexées, je me suis dit que puisque vous les aviez tant appréciés en vidéo, je me devais de partager ces petits moments de l’exercice avalanche de Valloire avec vous !!
* et comme il ne sera pas dit que je ne sais pas signaler les jolis gestes: j’ai fait le choix d’aller à la rencontre du PGHM Savoie sur cet exercice en arborant fièrement un joli bonnet un peu provoc’. J’ai été surprise de voir tous les gendarmes croisés faire le choix d’en rire de bon coeur et je n’ai pas terminé congelée au fin fond d’une crevasse. Alors je voulais vous dire « Merci » messieurs, pour la crevasse, pour votre sens de l’humour, mais aussi parce que c’est vraiment plaisant de savoir que pour les opérateurs de terrain, les gueguerres de chapelles c’est un truc de bureaucrates et pas de secouristes !! #PrivateJoke
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