Les règles sont faites pour être violées

Pour un oui pour un non, dans notre société actuelle faite de recherches en responsabilités, ou plutôt en non-responsabilités, on édicte des règles. Un idiot à voulu réchauffer son chat mouillé en le mettant au micro-onde, nous avons tous désormais la ligne d’interdiction qui va bien sur nos notices. Des fois qu’il nous prenne l’envie de mettre mistigri au four, mais surtout : de nous retourner contre le fabricant ensuite !

Dans ce contexte, il était particulièrement touchant d’entendre Tsivadelle, militaire du rang et photographe à la 11ème BP annoncer à son N+beaucoup, le CEMAT, qui venait de lui remettre le prix du partenaire Canon lors de la cérémonie du prix sergent Vermeille 2023, que pour réaliser la photo qui venait d’être primée, il avait du se positionner à un endroit dont l’accès lui était rigoureusement interdit !

Invité à « raconter sa photo », Tsivadelle annonce à l’auditoire qu’il savait depuis très longtemps qu’il voulait faire cette image, dans cet axe-là, à ce moment-là, car elle symbolisait pour lui le fait d’être para. Se jeter d’un avion en parfait état de marche et accepter de suspendre son corps -et sa vie- à la fine voile. Outre le bon objectif, cela impliquait de se trouver sur la zone de saut pour aligner verticalement de façon graphique l’avion et les parachutistes. Zone de saut qui est interdite d’accès, des fois qu’un promeneur ne regarde que ses pieds et qu’un parachutiste lui tombe dessus. Imparable.

Nous autres photographes avons des photos de ce type plein nos disques : belles -parfois grandioses- mais qui ont nécessité quelques aménagements avec les règles de droit commun. On évite juste de le raconter !

Alors sur le moment, j’ai trouvé « osé » de faire part de cette anecdote dans les salons du CEMAT, avec un sourire simple, face à une foule d’officiers, les yeux dans les yeux de son patron… Et puis il y a quelques jours, confrontée à une somme de règles et règlements tous plus inattaquables les uns que les autres, j’ai fini par annoncer à mon commanditaire que les interdits étaient faits pour être bravés. Que je n’étais pas le genre de personne à me satisfaire de réaliser une image médiocre pour qu’au fond de son bureau un obscur gratte-papier assureur ne sache même pas que la clause 2567b -dont il ignorait l’objet- avait bien été respectée; et que mon commanditaire me payait, précisément, pour cela.

Si les règles sont écrites pour un certain nombre de raisons, connaître ces raisons puis faire usage de sa capacité à analyser et à être responsable de ses actes, permet de s’en affranchir. Très allègrement. 
Cela oblige à en assumer les conséquences, certes. C’est le jeu.
#PunkIsNotDead 
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