Sortir de sa zone de confort, vraiment ??

« C’est pas vraiment dans ta zone de confort, non ? »

Je viens d’annoncer à ce proche ma fierté de m’être vu confier un projet vraiment sympa, original, complexe, décalé… un nouveau challenge qui, évidemment, me comble d’excitation ! Il n’est pas directement dans ma ligne habituelle: pas de gyrophare ni d’uniforme militaire. Et c’est ce qui préoccupe mon interlocuteur.

Surprise par sa réponse inquiète, je m’arrête un instant, assez interdite.. Je repasse mentalement le fil de mes dernières années professionnelles. J’ai beau chercher, je ne crois pas avoir travaillé un seul jour dans ce que cet ami appelle « zone de confort ». L’hélico de SAR dans la nuit polaire à Svalbard ? Il ne faisait que -25°C à l’abri du vent, et il y en avait, du vent… Les équipes médicales pendant la première vague de Covid ? Aller à l’hosto, découvrir l’alternance des gardes de 12h jour et nuit, les protocoles de désinfection… Les bornes à marcher avec les patrouilles sentinelle, la boue des pistes du CEFE en Guyane, les crapahuts derrière les chasseurs alpins, ces photos à réaliser dans un endroit où tout ou presque était interdit, le revêtement de mon casque F1 qui craquèle sous l’intensité des roll-over, ce flic qui m’annonce qu’il est hors de question que je le suive sans gilet pare-balle « en face ils font pas semblant » ? Rien de vraiment confortable quand on y repense.

Je m’apprête à lui rappeler crânement que « depuis 15 ans mon quotidien c’est précisément d’être en dehors de cette zone de confort ». Puis je me ravise. En fait, les mots ont un sens : je ne travaille pas « hors de ma zone de confort », je n’y ai même jamais travaillé. Juste que ma zone de confort à moi, elle est dans l’effort, la surprise, la difficulté, dans le risque de se confronter à cette petite phrase trop souvent pensée ou prononcée « tu n’y arriveras pas: personne ne peut le faire ».

Ce qui est communément entendu par zone de confort, cette forme de quotidien habituel sans prise de risque, moi j’appellerai plutôt ça l’ennui ! Ma zone de confort à moi, elle est dans l’adversité, dans le fait de ne pas avoir deux jours qui se suivent et se ressemblent, parce que c’est là où je suis bonne, là où je m’éclate… chacun son référentiel !
[Ref:4322-34-1205 CENZUB] sandrachenugodefroy.com © 2022

[ + VOIR LE POST ]