Il y a des jours, des situations, où rien ne s’organise comme il le faudrait, comme on le souhaiterait. Qui nous confrontent à cette détestable sensation de devoir vider l’océan avec une cuillère percée… tandis qu’il se met à pleuvoir, des fois qu’on ait crû un instant qu’il y avait une chance d’y arriver !
La personne qui m’accueille aujourd’hui est en train de vivre l’un de ces moments : elle a mis toute sa bonne volonté, a préparé tout ce qui pouvait l’être… et tout est allé de travers ensuite. Et je viens d’arriver là, avec mon matos photo et mon plus beau sourire.
En tant que photographe, bien-sûr, je travaille quasiment toujours à la fin d’un projet, en bout de chaîne, là où s’additionnent toutes les erreurs, les errements, les petites marges et décalages qui s’accumulent. Alors forcément, j’ai l’habitude de faire l’effort à mon niveau et à ma place, de m’adapter, de me contorsionner, d’essayer de rattraper au maximum ce qui peut l’être : l’important c’est la mission, le résultat final. Si c’est possible, même difficile, autant le faire. Personne n’aime produire un travail médiocre.
Mais il y a aussi des fois où c’est vraiment trop tard, trop mal engagé. Impossible en un mot. Et dans ce cas, il n’y a rien qui puisse corriger le cap. Ça arrive, ça n’est jamais agréable, mais il faut aussi être capable de le reconnaître, pour ne pas s’épuiser inutilement. Je rappelle utilement à mon interlocuteur ce très vieil adage « A l’impossible nul n’est tenu ! ». Il a un sourire un peu triste : il le sait, mais il a une conscience professionnelle et veut bien faire. Alors il essaye et essaye encore.
C’est alors qu’un petit miracle se produit : alors que rien n’aurait pu être reproché à ce communicant impuissant, le trouble dans lequel cette situation le met attire la sympathie d’un des « anciens » du site. Ancien pour lequel il était un parfait inconnu encore 24 heures plus tôt. Qui lui donne un petit coup de pouce. Pas grand chose, mais un petit geste sympa, quand vous traversez le désert, c’est toujours à prendre… Et ce geste solidaire créé des émules. D’autres inconnus, chacun à leur niveau, font ce qu’ils peuvent pour aider le projet.
Moi j’assiste à la scène, je fais des photos et je ferme mon plomb. A la fin de journée, je fais défiler la pellicule photo sur l’écran de mon boîtier… on est vraiment pas mal ! Tout ça, grâce à la ténacité un peu naïve d’un jeune communicant et à la bienveillance d’un aîné. Alors certes « La vie est une garce et à la fin on meurt », mais parfois, elle offre aussi de belles leçons !
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