Les sorties hivernales, juste après les chutes de neige, ont un truc en plus. Ces derniers jours, plutôt généreux en la matière, ont été l’occasion de marcher autant que d’y penser: il y a la beauté des paysages immaculés, évidemment, mais il y a plus !
La neige fraîche c’est l’appel à sortir, à partir à la découverte. Cet appel qu’ont en partage les amoureux de la montagne : aller faire la trace. Être celui qui, volontairement, choisit de développer un effort plus important, de consacrer plus d’énergie, pour ouvrir la voie.
Il obtient en récompense de son effort un sentiment assez unique, qui n’est pas à proprement parler une conquête : il n’y a rien à conquérir, la montagne est un espace libre et indomptable. Il s’agirait plutôt d’une sorte d’accomplissement à la fois physique, technique et… artistique ! Évidemment, faire la trace sanctionne impitoyablement une condition physique qui ne serait pas au niveau. Il y aussi l’effort de l’esprit: la lecture du terrain, de la géographie, de la neige, pour faire ce choix de l’itinéraire le plus malin et ne pas s’imposer d’effort ou de danger inutile. Enfin, il y a cet amour du beau, éphémère et fragile.
On ne se refait pas, je dessine ma trace pour passer par les plus beaux endroits, visualiser les plus beaux cadres. Avancer dans une étendue immaculée n’offre aucune possibilité de repentir. Là où vous êtes passé, là vous avez laissé votre trace : la neige ne sera plus vierge. Jusqu’à la prochaine chute, vous laissez une marque qui facilitera le passage de ceux qui vous suivent, mais qui laissera sa cicatrice, aussi.
#CaVaBienSePasser
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