Photographe indépendante, voici ce que je pourrai conseiller à ceux d’entre vous qui découvriront le télé-travail et l’isolement à cause du Covid19. Cet isolement ne sera pas vraiment une nouveauté pour moi puisque non, un photographe ne passe pas 80% de son temps en voyage mais plutôt 80% de son temps à son bureau. Je suis photographe indépendante depuis plus de 10 ans, donc ça fait un paquet de journées passées seule, voici les 3 pièges dans lesquels je suis allègrement tombée au cours de ces années et comment les éviter.
#LeCoupDeFlemme
En fait, je suis pas vraiment obligé de me lever ce matin ? -Si
Parce oui, étant photographe normalement constituée, je ne suis pas du matin (sauf quand il s’agit de faire des photos au lever du jour, parce que la lumière y est magnifique). Je ne compte pas le nombre de journées où, quand le réveil a sonné… je l’ai éteint, puis me suis rendormie. Et il n’y a pas de problème à ça, quand cela correspond vraiment a une fatigue énorme et a un besoin de repos authentique. Dans ma position, écouter mon corps est très important: c’est aussi mon outil de travail.
Mais pas pour un simple coup de flemme ou de pas envie. Parce que, très vite, on se décale et notre corps perd ses repères. Il est donc très important de choisir ses horaires (c’est ce qui est chouette en télétravail, vous avez une certaine latitude pour adapter vos horaires à vos impératifs ou à vos affinités) et une fois choisis, de s’y tenir.
Et en fixant un cadre temporel à votre activité professionnelle, vous sanctuarisez aussi un cadre temporel pour votre vie perso. Des temps de repas, des temps de sport, de détente et de vie avec ceux qui vous sont chers.
#LUniformitéDesJournées
Passer sa journée devant un ordi à faire les mêmes trucs c’est relou !
Et bien non, pas forcément. Certes, le télétravail passe essentiellement par l’ordinateur (et c’est parce qu’ils travaillent sur des ordinateurs que l’activité de nombre de salariés peut se réaliser par télétravail) mais ça n’est pas forcément d’un ennui mortel. Mon activité de photographe au bureau se partage entre une part de veille; de la paperasse administrative et comptable; des contacts clients; la retouche, le tri et le classement de mes images et la planification de nouveaux projets.
Parmi ces activités, certaines sont plus ou moins enthousiasmantes, et oui, je confesse volontiers une tendance à la procrastination, mais pour être plus efficace, je m’organise.
J’alterne des activités qui me plaisent plus ou moins, pour ne pas me démotiver. Si je réussis à rassembler assez de motivation pour faire ma compta, ce qui est très chiant et pas intellectuellement très satisfaisant, ensuite j’enchaînerai sur le classement d’images d’un reportage que j’aime vraiment bien ou sur de la planif’ de nouveaux projets, pour réveiller un peu mon cerveau.
J’alterne des activités d’autiste sans la moindre interaction avec qui que ce soit, avec d’autres qui nécessitent d’échanger avec des gens, envoyer des mails à mes clients, des RDV téléphoniques (ou en visio: aujourd’hui, on a tous des téléphones portables, un coup de whatsapp et on peut voir la tête de notre interlocuteur !).
En alternant les activités, en fonction de vos performances, mais aussi de votre entourage ou de vos envies aussi, le matin, le midi, l’après-midi, le soir, vous vous construirez une forme de routine, qui ne sera pas celle que vous aviez en entreprise mais qui structurera votre temps de travail.
#LeManquedInteractionsSociales
Bouhouhou chuis tout seul !
Alors oui, vous êtes habitués à faire la bise a Claudine et Gégé à la machine à café le matin en parlant des gosses ou de la dernière actu du moment. Ensuite, vous allez en réunion, vous déjeunez à la cantine, vous retournez au café, à la pause clope, et dans chacun de ces moments… vous n’êtes jamais seul. Et bien devinez-quoi ? Moi non plus !! Même si je suis seule à mon bureau, j’échange avec de vrais gens, parce que oui, bosser depuis chez soi peut isoler, donc il faut être vigilant.
Qu’est ce qu’un interaction sociale ? Je suis assez old school, donc ma relation sociale idéale, elle se fait à la terrasse d’un café, en claquant la bise ou serrant la main à mon interlocuteur, en écoutant les pauses et les petites modulations de sa voix, et toute la kyrielle de petits signaux non-verbaux qui font notre échange. Pour autant le covid-19 nous impose de ne plus avoir de relations physiques.
Qu’à cela ne tienne: n’étant pas géographiquement proche de mes collègues -et parfois aussi de mes proches- cela fait bien longtemps que j’ai appris qu’on pouvait se parler et même se comprendre sans partager aucune proximité physique. Cela nécessite, quand on utilise l’écrit, de rajouter quelques éléments de communication non-verbale pour indiquer à votre interlocuteur le « ton » de vos mots. Aujourd’hui, entre les smileys, les GIF, les hashtags, utilisés même dans un contexte professionnel, il y a du choix. J’avoue avoir été surprise la première fois qu’une cliente m’a glissé un smiley dans un corps de mail, mais au final, et sans abus, ça fait le job. Les SMS, les fils de conversation à plusieurs sur messenger ou whatsapp pour des conversations plus ou moins sérieuses (et donc qu’on relève à des moments différents) c’est un moyen de conserver un lien, de se tenir au courant de ce que font les uns et les autres, quand vous, vous êtes disponible pour recevoir ces infos.
Et puis on a toujours le verbal, seul par le téléphone, ou même par la vidéo (skype/whatsapp) qui a cet avantage de montrer un peu d’image avec le son, un peu plus de contexte, même si selon la bande passante, ça freeze un peu et c’est pixelisé. Rien ne vous empêche de passer un coup de fil a un collègue sympa, que vous ayez un prétexte, une question, « faire le point » ou même pas, juste pour un moment de blablatage à la machine à café, sans machine a café. Ça s’organise, et comme à la machine à café, il y a des gens qui sont plus ou moins fana, plus ou moins spontanés. Si ça n’est pas prévu, c’est quitte ou double, votre interlocuteur ne sera peut-être pas disponible, si c’est prévu c’est moins spontané. Mais dans tous les cas, ça fait du bien, alors n’oubliez pas de positionner ces moments dans votre journée !!
#MaRoutineAMoi
Vous l’aurez compris, l’important est de vous fonder une routine, qui ne sera sans doute pas celle du bureau, mais qui sera celle de votre télétravail. En variant les activités de votre journées, et en vous ménageant des moments pour l’interaction sociale.
Je vous présente la mienne: elle vaut ce qu’elle vaut, mais elle pourra être une source d’inspiration.
Dès le réveil, je lis mes mails importants, 8h si j’ai des coups de fil à passer à des institutionnels c’est le moment, puis 9H pour les coups de fil aux entreprises (Désolée chers clients et contacts chéris, maintenant vous savez pourquoi je vous emmerde toujours à vous appeler à l’heure de votre café matinal: oui, je le fais exprès, c’est pour vous trouver frais et dispo 🙂 ). Ensuite ou sinon c’est l’heure de mon sport, pour 1 à 2 heures, j’alterne selon les jours -et la masse de travail- mais ça me permet de conserver le moral et la condition physique nécessaire pour faire mon métier. Après ça, je réponds à mes mails (le fait de les avoir lu avant m’a permis d’y réfléchir sans y réfléchir… donc en général y répondre est plus facile). Je checke mes réseaux sociaux à ce moment là aussi, parce que oui, il faut y consacrer du temps régulièrement, outre le push de contenus, répondre aux questions des gens par exemple, voir ce que font les autres, réfléchir à ce qu’il pourrait être bien de publier.
Je déjeune quand j’en ai fini de ces activités matinales (parfois tard, vraiment, mais si je n’ai pas de rendez-vous l’aprem je m’en fous: en général je n’ai pas faim) je me fais une petite pause pour jouer à mes jeux débiles préférés ou pour faire un petit tour sur twitter (où je lis beaucoup trop d’ânes et d’âneries, mais quelques gens bien aussi, et ça compense).
Et l’après-midi, en fonction de ce dont j’ai besoin, je fais de la retouche photo/du classement, je mets à jour mon site web, puis j’avance mes planifications de projets (l’avantage de ces planifications, c’est que je n’ai pas besoin d’ordi pour ça, juste de jus de cerveau-papier-stylo, ça me permet donc de me reposer les yeux, et après avoir fait de la retouche ou du code, ça fait du bien). En fin de journée, une fois mes actions d’« artiste-autiste » réalisées, je renoue avec mon statut d’être humain en envoyant les mails nécessaires à mes clients et contacts (souvent après 18 heures, et c’est pas grave, mes interlocuteurs m’y répondent le lendemain matin !) éventuellement en passant quelques messages ou appels à des collègues-copains et parfois en publiant un truc pas trop con sur mes réseaux sociaux pro ou sur mon blog. Et je m’oblige à avoir fini à 20 heures grand max, toujours. Parce que sinon, ce que je gagne entre 20h et minuit, je le perds le lendemain en étant proprement improductive toute la matinée et parfois plus.
PS: Et la compta dans tout ça (insérer ici le truc que vous n’aimez vraiment pas faire)? Et bien quand il faut vraiment, je la fais dès le matin, à la place du sport, des mails et des appels, et je ne fais QUE ça (parce que je n’aime vraiment PAS ça, donc je ne veux pas avoir à le refaire)
Vous savez tout… Et je ne doute pas qu’avec un peu de pratique, vous allez gérer ! #ConfinementTotal #StopTheSpread